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Comment lire une publication de résultats d'entreprise : guide pratique avec l'exemple PepsiCo Q3 2025

Décryptez les résultats financiers des entreprises cotées : comprendre GAAP vs non-GAAP, volumes, pricing, marges, cash-flow et guidance pour investir intelligemment

Comprendre la publication de résultats financiers d'une entreprise cotée est essentiel pour tout investisseur. Ce document, appelé "earnings release", contient une mine d'informations sur la santé financière et les perspectives d'une société. Décryptons ensemble les éléments clés à analyser en prenant comme exemple concret la publication du troisième trimestre 2025 de PepsiCo.

Graphiques financiers et rapports trimestriels d'entreprise avec analyses boursières
Illustration - Linkeum.com

Structure d'une Publication de Résultats

Une publication de résultats financiers suit généralement une architecture standardisée qui facilite la comparaison entre entreprises et périodes. Le document débute par un communiqué de presse synthétisant les chiffres clés et les messages du management, suivi de tableaux financiers détaillés (compte de résultat, bilan, flux de trésorerie) et se termine par des notes explicatives et des réconciliations comptables.

Pour PepsiCo, la publication du T3 2025 s'étend sur plusieurs pages et présente les résultats sur deux périodes : le trimestre isolé (12 semaines terminées le 6 septembre 2025) et l'année à date (36 semaines).

Les Résultats Financiers : GAAP vs Non-GAAP

La première distinction fondamentale concerne les deux types de résultats présentés.

Les résultats GAAP (Generally Accepted Accounting Principles) représentent les chiffres officiels selon les normes comptables américaines. Ces données incluent tous les éléments, y compris les événements exceptionnels, les dépréciations d'actifs et les charges de restructuration. Pour PepsiCo au T3 2025, le chiffre d'affaires net atteint 23,937 milliards de dollars (+2,6% vs T3 2024), tandis que le bénéfice par action (EPS) s'établit à 1,90 dollar (-11% vs T3 2024).

Les résultats non-GAAP, aussi appelés "core" ou "organiques" chez PepsiCo, excluent certains éléments exceptionnels pour donner une vision plus claire de la performance opérationnelle récurrente. PepsiCo affiche ainsi une croissance organique du chiffre d'affaires de 1,3% et un Core EPS de 2,29 dollars pour le T3 2025.

Définition - Chiffre d'affaires (Revenue/Net Revenue) : Montant total des ventes de biens et services réalisées par l'entreprise sur une période donnée, après déduction des retours, remises et rabais. C'est l'indicateur de taille et de croissance commerciale.

Définition - Bénéfice par action / EPS (Earnings Per Share) : Bénéfice net attribuable aux actionnaires divisé par le nombre moyen d'actions en circulation. C'est l'indicateur clé de rentabilité pour les investisseurs, car il représente la part de profit qui revient à chaque action détenue.

Définition - Croissance organique : Croissance du chiffre d'affaires hors effet des acquisitions, cessions d'activités et variations de taux de change. Elle mesure la performance "naturelle" de l'entreprise en excluant les éléments externes.

Les ajustements non-GAAP excluent notamment les impacts de la valorisation des dérivés sur matières premières (mark-to-market), les charges de restructuration, les dépréciations d'actifs et les effets de change. Dans le cas de PepsiCo, l'entreprise a enregistré une dépréciation significative de 1,993 milliard de dollars sur 36 semaines (dont 133 millions au T3), principalement liée à la marque Rockstar.

Définition - Dépréciation d'actifs (Impairment) : Constatation comptable d'une perte de valeur d'un actif (marque, immobilisations, goodwill) lorsque sa valeur de marché ou son potentiel de génération de revenus futurs devient inférieur à sa valeur comptable. Cette charge réduit le résultat net mais n'impacte pas la trésorerie.

La Performance par Segment Géographique

L'analyse segmentée révèle où l'entreprise crée de la valeur. PepsiCo présente six divisions opérationnelles principales :

PepsiCo Foods North America (PFNA) : Chiffre d'affaires stable à 6,526 milliards de dollars (0% de croissance reportée), mais avec un volume organique en baisse de -4% et un "effective net pricing" de -2,5%. La rentabilité opérationnelle ("core constant currency operating profit") recule de -3,5%.

PepsiCo Beverages North America (PBNA) : Croissance de 2% du chiffre d'affaires à 7,327 milliards, malgré un volume organique en baisse de -3%. L'"effective net pricing" atteint +6%. La rentabilité opérationnelle diminue de -7% en données ajustées à taux de change constant.

International Beverages Franchise (IB Franchise) : Chiffre d'affaires stable en organique à 1,290 milliard, avec un volume de -1% mais compensé par un pricing de +1%.

Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA) : Performance remarquable avec +9% de croissance reportée (+5,5% en organique) à 5,022 milliards. La région bénéficie d'une hausse des prix de +6% et d'un volume de -1%. La rentabilité opérationnelle progresse de +1%.

Amérique Latine Foods (LatAm Foods) : Croissance de 2% en reporté (+4% en organique) à 2,656 milliards, soutenue par une forte amélioration de la rentabilité opérationnelle (+9% en core constant currency).

Asie-Pacifique Foods (Asia Pacific Foods) : Progression de 2% en reporté (+1% en organique) à 1,115 milliard, avec une excellente dynamique de volume (+3%) mais un pricing de -3%.

Définition - Segment opérationnel : Division d'une entreprise pour laquelle des informations financières distinctes sont disponibles et régulièrement examinées par la direction. Les segments permettent d'analyser la performance par géographie, type de produit ou ligne d'activité.

Les Indicateurs Clés de Volume et Prix

Deux métriques essentielles permettent de comprendre les sources de la croissance organique du chiffre d'affaires.

Le volume organique mesure l'évolution des quantités physiques vendues (en tonnes, litres, unités) en excluant l'impact des acquisitions et cessions. Globalement, PepsiCo enregistre une baisse de -1% des volumes au T3 2025, avec des contrastes marqués : -4% pour PFNA, -3% pour PBNA et IB Franchise (-1%), mais +3% pour Asie-Pacifique Foods (aliments uniquement).

L'"effective net pricing" (ou "price/mix effect") reflète l'impact combiné des hausses de prix et du changement de mix produit (vente de produits plus chers ou en formats différents). PepsiCo affiche une progression globale de +4%, avec des variations selon les régions : +6% pour PBNA et EMEA, -2,5% pour PFNA, -3% pour Asie-Pacifique.

Définition - Volume organique : Variation des quantités vendues, exprimée en pourcentage, hors effet des acquisitions, cessions et fluctuations de change. C'est l'indicateur de la demande réelle pour les produits de l'entreprise.

Définition - Effective net pricing / Price-mix effect : Impact sur le chiffre d'affaires des changements de prix catalogue, des promotions, de la structure des remises et du mix produit (proportion de produits premium vs entrée de gamme). C'est l'indicateur du pouvoir de fixation des prix de l'entreprise.

Cette combinaison révèle une stratégie de pricing power pour compenser la faiblesse des volumes, typique d'un environnement inflationniste où les consommateurs réduisent leurs achats en volume mais acceptent des hausses de prix modérées.

La Rentabilité Opérationnelle

La marge brute s'établit à 53,6% en données reportées (12,824 milliards de profit brut / 23,937 milliards de revenus), en baisse par rapport aux 55,4% de l'an dernier (12,923 / 23,319). Cette compression de -180 points de base reflète la hausse des coûts des matières premières et de production.

Définition - Marge brute (Gross Margin) : (Chiffre d'affaires - Coût des ventes) / Chiffre d'affaires, exprimé en pourcentage. Elle mesure l'efficacité de la production et l'impact des coûts directs (matières premières, main-d'œuvre de production). Une marge brute élevée indique un fort pouvoir de fixation des prix ou une production efficace.

La marge opérationnelle atteint 14,9% en GAAP (3,569 milliards / 23,937 milliards), contre 16,6% l'an passé, impactée notamment par les dépréciations d'actifs de 133 millions de dollars au T3.

Définition - Marge opérationnelle (Operating Margin) : (Résultat opérationnel / Chiffre d'affaires) × 100. Elle mesure la rentabilité des activités courantes après toutes les charges d'exploitation (production, marketing, R&D, administratif) mais avant intérêts et impôts. C'est l'indicateur clé de l'efficacité opérationnelle.

Sur 36 semaines, PepsiCo enregistre 567 millions de dollars de charges de restructuration et de dépréciations cumulées, pesant sur la rentabilité globale.

Définition - Charges de restructuration : Coûts liés à la réorganisation des activités (fermetures de sites, plans sociaux, optimisation de la supply chain). Ces charges sont souvent exclues des résultats "core" car considérées comme non récurrentes.

Les Flux de Trésorerie

Le cash-flow opérationnel (operating cash flow) représente la trésorerie générée par l'activité courante de l'entreprise. Sur neuf mois 2025, il s'élève à 5,468 milliards de dollars, en baisse par rapport aux 6,220 milliards de 2024.

Définition - Cash-flow opérationnel / Flux de trésorerie d'exploitation : Trésorerie générée par les activités opérationnelles normales de l'entreprise (ventes encaissées moins achats et charges décaissés), avant investissements et financements. C'est l'indicateur de la capacité de l'entreprise à générer du cash par son activité.

Cette diminution de -752 millions s'explique notamment par :

  • Une hausse des créances clients (réduction du cash de -1,747 milliard), signifiant que les clients paient moins vite
  • Des paiements d'impôts liés au Tax Cuts and Jobs Act (-772 millions)
  • Une réduction des dettes fournisseurs (réduction du cash de -1,647 milliard), signifiant que PepsiCo paie ses fournisseurs plus rapidement

Les investissements (capex - capital expenditures) atteignent 2,499 milliards sur 9 mois, tandis que PepsiCo a versé 5,692 milliards en dividendes et racheté pour 752 millions d'actions propres.

Définition - Capex / Investissements (Capital Expenditures) : Dépenses d'investissement en immobilisations corporelles (usines, équipements, technologies) nécessaires au maintien et au développement de l'activité. Un capex élevé peut signaler une croissance future ou simplement le renouvellement d'actifs vieillissants.

Définition - Dividendes : Distribution d'une partie des bénéfices aux actionnaires, généralement trimestrielle ou annuelle. C'est un retour direct de valeur aux actionnaires.

Définition - Rachat d'actions / Buyback (Share Repurchase) : Rachat par l'entreprise de ses propres actions sur le marché, réduisant le nombre d'actions en circulation et augmentant mécaniquement le BPA. C'est une méthode de retour de valeur aux actionnaires alternative au dividende.

La Guidance et les Perspectives

La guidance (prévisions de l'entreprise) représente les objectifs que le management s'engage à atteindre pour l'exercice complet. PepsiCo maintient ses objectifs pour 2025 :

  • Croissance organique du chiffre d'affaires : "low-single-digit" (environ 1-2% selon les conventions de marché)
  • Core EPS à taux de change constant : stable par rapport à 2024 (5,88 dollars sur 9 mois 2025 vs objectif d'environ 8 dollars pour l'année complète)
  • Core EPS en dollars reportés : baisse attendue de -0,5% (contre -1,5% prévu lors de la guidance initiale)
  • Taux d'imposition effectif : environ 20%
  • Retours aux actionnaires : 8,6 milliards de dollars pour l'année complète (7,6 milliards de dividendes + 1 milliard de rachats d'actions)

Définition - Guidance : Prévisions financières communiquées par le management d'une entreprise pour l'exercice en cours ou futur. Elle porte généralement sur le chiffre d'affaires, l'EPS, les marges et les flux de trésorerie. La guidance sert de référence aux analystes et investisseurs pour évaluer la performance.

Définition - Taux d'imposition effectif (Effective Tax Rate) : (Impôt sur les bénéfices / Bénéfice avant impôt) × 100. Il diffère du taux légal car il intègre les optimisations fiscales, crédits d'impôt et différences de taxation selon les pays. Un taux effectif bas peut indiquer une bonne gestion fiscale ou une présence dans des pays à faible imposition.

L'amélioration de la guidance sur le Core EPS en dollars (de -1,5% à -0,5%) provient d'un impact de change moins défavorable qu'anticipé, le dollar s'étant moins apprécié que prévu face aux autres devises.

Définition - Impact de change / Foreign exchange impact : Effet de la fluctuation des taux de change sur les résultats financiers d'une entreprise internationale. Un dollar fort pénalise les revenus et bénéfices générés à l'étranger lorsqu'ils sont convertis en dollars. Les entreprises reportent souvent des résultats "à taux de change constant" pour neutraliser cet effet.

Les Commentaires du Management

Les déclarations du CEO Ramon Laguarta dans le communiqué révèlent les priorités stratégiques et la vision du management. Au T3 2025, il souligne :

"Notre croissance de chiffre d'affaires s'est accélérée et reflète la résilience de nos activités internationales, l'amélioration de la dynamique en Amérique du Nord pour les boissons et les bénéfices de nos actions de refonte de portefeuille."

Il identifie trois axes majeurs pour l'avenir :

  1. Accélérer la transformation du portefeuille via un "strong pipeline of innovation" (lancement de nouveaux produits, reformulations, acquisitions ciblées)
  2. Optimiser l'architecture prix-packaging ("sharpening our price pack architecture") pour offrir de la valeur aux consommateurs face à l'inflation
  3. Réduire agressivement la structure de coûts ("aggressively optimize our cost structure") pour financer les investissements marketing et innovation

Cette stratégie vise à compenser la faiblesse des volumes par une meilleure efficacité opérationnelle et une montée en gamme du portefeuille produits.

Les Points d'Attention et Signaux d'Alerte

Plusieurs éléments méritent une vigilance particulière lors de l'analyse d'une publication de résultats.

Les dépréciations d'actifs massives : La dépréciation de 1,993 milliard de dollars sur 36 semaines (dont la majeure partie sur la marque Rockstar) soulève des questions sur la valorisation du portefeuille de marques et les décisions d'acquisition passées. Une dépréciation importante peut signaler une surévaluation initiale ou un échec stratégique.

La pression sur les volumes : La baisse généralisée des volumes (-1% global, -4% pour PFNA, -3% pour PBNA) traduit un consommateur sous pression qui arbitre ses achats. Cette tendance, si elle persiste, pourrait limiter le pouvoir de fixation des prix à l'avenir et forcer l'entreprise à baisser ses prix pour relancer les volumes.

La compression des marges : La marge brute perd 180 points de base et la marge opérationnelle recule de 170 points de base en GAAP. Cette érosion reflète l'incapacité temporaire à répercuter intégralement l'inflation des coûts dans les prix, malgré l'"effective net pricing" positif.

L'endettement : Bien que le document ne détaille pas intégralement le bilan, la dette long terme et les ratios d'endettement doivent être surveillés, surtout en période de taux d'intérêt élevés. Une dette élevée peut limiter la flexibilité financière pour investir ou traverser une récession.

Définition - Dette nette (Net Debt) : Dette financière totale (court et long terme) moins la trésorerie et équivalents. C'est l'indicateur d'endettement le plus utilisé. Le ratio Dette nette / EBITDA mesure le nombre d'années de génération de cash nécessaires pour rembourser la dette.

Les charges de restructuration récurrentes : Les 567 millions de dollars de charges de restructuration sur 9 mois reflètent un plan de productivité étendu jusqu'en 2030. Des charges de restructuration répétées année après année peuvent signaler des difficultés structurelles plutôt qu'un ajustement ponctuel.

Le Bilan et les Ratios Financiers

Bien que non détaillé dans le communiqué initial, le bilan (balance sheet) présente la situation patrimoniale de l'entreprise à une date donnée.

Définition - Bilan (Balance Sheet) : Photographie de la situation financière de l'entreprise à un instant T, présentant les actifs (ce que possède l'entreprise), les passifs (ce qu'elle doit) et les capitaux propres (la différence, appartenant aux actionnaires). Le bilan permet d'évaluer la solidité financière et la solvabilité.

Définition - Actifs (Assets) : Ensemble des biens et droits détenus par l'entreprise : trésorerie, créances clients, stocks, immobilisations (usines, équipements), actifs intangibles (marques, brevets, goodwill).

Définition - Passifs (Liabilities) : Ensemble des dettes et obligations de l'entreprise : dettes fournisseurs, dettes financières, provisions, impôts différés.

Définition - Capitaux propres (Shareholders' Equity) : Différence entre actifs et passifs, représentant la valeur comptable appartenant aux actionnaires. Inclut le capital social, les réserves et les bénéfices non distribués.

Définition - Goodwill : Écart d'acquisition payé lors d'une acquisition d'entreprise, représentant la différence entre le prix payé et la valeur comptable des actifs acquis. Il reflète des éléments intangibles comme la réputation, le portefeuille clients, les synergies attendues.

Les principaux ratios financiers à examiner incluent :

Définition - ROE (Return on Equity) : (Bénéfice net / Capitaux propres) × 100. Mesure la rentabilité des capitaux investis par les actionnaires. Un ROE élevé (>15%) indique une création de valeur efficace.

Définition - ROA (Return on Assets) : (Bénéfice net / Actifs totaux) × 100. Mesure l'efficacité avec laquelle l'entreprise utilise ses actifs pour générer du profit.

Définition - Ratio de liquidité (Current Ratio) : Actifs courants / Passifs courants. Mesure la capacité à honorer les dettes à court terme. Un ratio > 1 indique une bonne liquidité.

Définition - EBITDA : Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization (Résultat avant intérêts, impôts et amortissements). C'est une approximation de la génération de cash opérationnel, souvent utilisée pour comparer des entreprises avec structures de capital différentes.

Méthodologie de Lecture Systématique

Pour analyser efficacement une publication de résultats, suivez cette approche structurée :

  1. Commencez par le communiqué de presse (première page) pour saisir les messages clés, la guidance et le ton du management (optimiste, prudent, défensif)

  2. Analysez les tableaux de synthèse des performances par segment pour identifier les moteurs de croissance et les zones de faiblesse géographiques ou par catégorie de produits

  3. Examinez le compte de résultat consolidé pour comprendre l'évolution de la rentabilité ligne par ligne : chiffre d'affaires, marge brute, charges opérationnelles, résultat opérationnel, résultat net

  4. Vérifiez les flux de trésorerie pour évaluer la génération réelle de cash, la capacité d'investissement et les retours aux actionnaires (dividendes, buybacks)

  5. Lisez les notes de réconciliation GAAP/non-GAAP pour comprendre les ajustements et identifier d'éventuelles "anomalies comptables" ou charges exceptionnelles récurrentes suspectes

  6. Comparez les résultats à la guidance précédente et aux attentes du consensus des analystes (souvent mentionnées dans les articles de presse financière)

  7. Évaluez la qualité des résultats : la croissance provient-elle de volumes (signe de demande forte) ou uniquement de hausses de prix (moins durable) ? Les marges s'améliorent-elles ? Le cash-flow suit-il le bénéfice net ?

Cette lecture méthodique permet d'évaluer si l'entreprise crée de la valeur durablement, ou si la croissance est artificielle (acquisitions, hausses de prix non soutenables, optimisations comptables).

Les Pièges à Éviter

Ne pas confondre croissance et création de valeur : Une entreprise peut afficher une croissance du chiffre d'affaires tout en détruisant de la valeur si les marges s'effondrent ou si la croissance nécessite des investissements massifs non rentables.

Se méfier des ajustements non-GAAP excessifs : Certaines entreprises excluent tellement d'éléments de leurs résultats "core" que ces derniers perdent toute signification. Si les charges "exceptionnelles" se répètent chaque trimestre, elles ne sont plus exceptionnelles.

Ignorer les flux de trésorerie : Une entreprise peut afficher un bénéfice net en croissance tout en détruisant du cash via une mauvaise gestion du besoin en fonds de roulement (stocks qui gonflent, clients qui ne paient pas, fournisseurs payés trop vite).

Négliger le contexte sectoriel et concurrentiel : Un résultat doit toujours être mis en perspective avec les performances des concurrents et les tendances du secteur. Une croissance de 2% peut être excellente dans un secteur en récession, ou médiocre dans un secteur en forte expansion.

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Points clés

La publication de résultats de PepsiCo au T3 2025 illustre parfaitement les défis d'un géant de l'agroalimentaire dans un contexte économique complexe : inflation persistante, consommation sous pression, nécessité de réinventer le portefeuille produits. Les résultats montrent une entreprise résiliente internationalement (EMEA +9%, LatAm Foods +2%) mais confrontée à des difficultés en Amérique du Nord, son marché historique, avec des volumes en baisse de -3% à -4%. Le chiffre d'affaires progresse de 2,6% en reporté et 1,3% en organique, porté par un "effective net pricing" de +4% qui compense largement la baisse des volumes de -1%. Cependant, l'EPS GAAP chute de -11% à 1,90 dollar en raison de dépréciations d'actifs (Rockstar), tandis que le Core EPS résiste mieux à 2,29 dollars (-2% à taux de change constant). La capacité à maintenir le pricing power, tout en investissant dans l'innovation produit et en optimisant agressivement les coûts, sera déterminante pour les trimestres à venir. Les investisseurs doivent surveiller particulièrement l'évolution des volumes et la progression des parts de marché face à une concurrence accrue des marques distributeurs et un consommateur de plus en plus sensible aux prix. Maîtriser la lecture de ces publications financières permet de prendre des décisions d'investissement éclairées, en distinguant la performance réelle de la communication corporate, et en identifiant les véritables moteurs de création de valeur à long terme.
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Collectif de rédacteurs et d’experts tech et finance chez Linkeum.

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